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15/08/2010

Page Luc

 

Nous attaquons la nouvelle formule du blog, la rubrique au fil des jours ne sera plus qu'un récapitulatif des événements majeurs permettant de suivre le déroulement du voyage. Par contre les impressions de chacun se trouveront dans la page personnelle de chacun de nous trois, où l'expression restera libre, en effet chacun ayant un ressenti parfois différent de ce que nous vivons en commun.


J´ AI REOUVERT LES COMMENTAIRES

 

Pour voir de belles photos allez sur la Nouvelle page de Jean. En effet le chargement prend beaucoup de temps, donc pas toujours facile d'en mettre.

 

 J'ai rajouté quelques photos sur les étapes précédentes. Un bug s'est produit et les journées précédentes ont disparu, snif!

 Je vais créer une nouvelle page : Nouvelle Page Luc, car la mienne actuelle bugue, donc si ça marche il faudra me lire sur cette nouvelle page

J54 dimanche 10 octobre

Cerro de Pasco à Junin 78 km

Ce matin nous ne nous sommes pas trop pressés, en effet à cette altitude nous avions peur d'avoir froid en partant de bonne heure. La température était basse, mais du fait du ciel couvert, le thermomètre restait au-dessus de zéro. Nous avons demandé notre chemin en direction de Junin. Nous espérions ne pas remonter à 4500 mètres, retrouver la route que nous avions laissée pour venir à Cerro de Pasco. Ce qui est extraordinaire, lorsqu'on pose une question concernant une direction à prendre, plusieurs personnes répondent mais les avis divergent. Les doigts pointent dans toutes les directions. Il y deux jours j'ai même eu droit à une réponse du style: à droite mais tout droit alors que la personne de la main indiquait la gauche!  Nous nous rendons à l'évidence , il nous faut faire les sept kilomètres qui vont nous ramener à l'intersection où nous avons bifurqué hier. 

Le temps est menaçant, de petites ondées font leur apparition. Nous sommes dans des régions qui peuvent rapidement devenir hostiles. Une fois être repassés par les 4500 mètres, une longue descente très douce va nous faire perdre quatre cents mètres en quatre vingt kilomètres. Notre étape se situe entièrement au-dessus de quatre mille mètres. La vue porte très loin. La luminosité est vive, malgré les train de nuages très sombres. La pluie ne doit pas être forte, car normalement la saison des pluies commence dans un mois au moins. Un indice nous rend optimiste, l'herbe est bien jaune, donc les précipitations sont encore faibles.  Cependant dans les fossés en bordure de chaussée, il y a des traces de neige, il doit donc bien y avoir quelques tempêtes.

Nous roulons sur un immense plateau, entouré dans le lointain de montagnes pointues. L'ambiance est austère, un vent modéré mais froid souffle de travers, et de gros nuages sombres déversent au hasard sur cette immensité une petite pluie intermittente. Cependant nous gardons un bon rythme et vers quatorze heures nous touchons au but. La petite ville de Junin, ressemble à ces villes du far-west posées à même le bord de la route. La vie dans ces coins à plus de quatre mille mètres d'altitude ne doit pas être facile tous les jours. Nous trouvons un petit hôtel sympathique, aux chambres accueillantes et spacieuses. Seul  problème, indépendant de la bonne volonté de l'hôtelier, pas d'eau. En effet jusqu'à demain matin six heures, toute la ville est privée d'eau du fait de réparations. Bon, nous nous passerons de douche. D'ailleurs nous ne nous sentons pas très sales, d'une part la route est bien asphaltée, donc pas de nuages de poussière, et d'autre part la température pas très élevée limite la  transpiration.

Une fois nos affaires déposées, une petite truite de très bonne qualité nous est servie dans un bouiboui qui ne paye pas de mine. Mais comme toujours la nourriture est très bonne.

Nous repartons dans nos discussions quant à l'orientation à donner à notre voyage. Vu notre vitesse de progression, je suis partisan de prendre le bus sur une bonne distance. En effet, à ce train je pense que nous ne serons pas à Cusco avant fin octobre. Or le reste du programme est très chargé, traversée de deux parcs nationaux en montagne, l'un en Bolivie, et l'autre au Chili. Après ces deux visites qui à mon sens prendront une dizaine de jours, le plat de résistance, traversée de deux salars Coipasi et Uyuni en Bolivie, puis traversée du désert du sud Lipez avec une ascension du Licancabur, sommet de presque 6000 mètres, pour arriver à San Pedro de Atacama, ville à partir de laquelle je compte rejoindre la capitale du Chili en bus. En ce qui me concerne je ne dois pas oublier que j'ai un avion à prendre le 10 décembre au plus tard à Santiago. Tout cela me semble bien dense pour 60 jours. En effet le vélo ça prend du temps, surtout lorsqu'on passe de nombreux cols entre quatre et cinq mille mètres, et que l'on pousse son vélo sur des pistes! Les décisions que nous allons prendre détermineront de l'orientation que je donnerais à ma participation, car je ne veux pas m'engager dans les déserts de Bolivie à vélo après le cinq novembre,cela deviendrait une course rangée contre le temps pour arriver dans les délais à Santiago.

 

J53 samedi 9 octobre

  Huariaca à Cerro de Pasca (4320 m)  53 km

Cela paraît peu 53 kilomètres, mais il y avait 48 kilomètres de montée. Une rampe interminable, de plus le temps pas très beau, la pluie menaçait. Et puis en haut de cette côte , certes régulière mais qui nous a demandé cinq heures, nous avons vu surgir sur un plateau à 4320 mètres une ville de 15 000 habitants, qui nous accueille avec un panneau: LA VILLE LA PLUS HAUTE DU MONDE. Pourquoi tant de monde, tout simplememt du fait des différentes mines en exploitation dans cette région haut perchée.

 Effectivememt la vie est grouillante. De plus des fêtes musicales sont organisées en ce moment. Alors que nous cherchions un hôtel, j'étais grelottant, et j'ai bien cru qu'il n'y aurait plus de place. A la troisième tentative, on nous a proposé deux chambres pour trois, nous n'avons pas hésité. Seule la chambre individuelle a la douche, donc les deux punis n'ont pas droit ni à une serviette ni à une bouilloire. En effet ici on ne chauffe pas, et le soir il y a distribution de bouilloires.

 

Ville étonnante, on a vraimemt l'impression d'être très loin, une espèce de far-west des montagnes. Demain nous n'allons pas partir très tôt, en effet il risque de faire très froid.

Merci pour vos messages d'encouragememt, car parfois je me demande ce que je fais là, tout particulièrement le soir, la nuit tombant très vite. Dans les villes l'ambiance devient vite glauque, alors que dans les villages au contraire cela reste très sympa, même si parfois les conditions y sont beaucoup plus spartiates. 

Pour Cusco il nous reste un bon morceau et je crains que deux semaines ne soit une estimation optimiste, nous verrons bien. En tout cas ce que nous mamgeons dans les restaurants, même les plus simples est toujours de qualité et servi en quantité, bon pour le moral.

 

 

 J52 vendredi 8 octobre

Huanauco (1910m) à Huariaca (3050m) 70 km

Après une nuit bruyante et un petit déjeuner consistant à base  de gâteaux bien sucrés dans une pâtisserie, bien entendu à la mode sud américaine, boucan d'enfer entre les voitures et autres engins à moteur d'une part et la radio à fond la caisse d'autre part, nous prenons la route vers 8h30. Le topo que nous a fourni l'Allemand rencontré quelques jours précédemment nous annonce des dénivelés très importants. Cette information se révélera fausse. Donc nous quittons la ville en pensant avoir une journée très dure.  Sur les routes péruviennes il y a beaucoup de travaux d'une part d'entretien et d'autre part de réfection. Dans ce deuxième cas, cela occasionne des ralentissements importants du fait de la circulation alternée. Au cours des arrêts nous discutons avec les chauffeurs de toutes sortes d'engins bloqués comme nous. C'est comme cela que je me retrouve aux commandes d'un rick show. Nous sommes durant ces haltes forcées attaqués par des petits insectes très piquants, qui me font penser aux horribles medjes écossaises. En nous enduisant de produit répulsif, qui sent très mauvais, cela les freine.  Nous remontons une immense vallée en pente douce. Un vent arrière nous aide et le trajet se transforme en partie de plaisir. En chemin un gamin à vélo nous accompagne quelques kilomètres. Son vélo est vraiment grand pour lui. Il me fait peur, car il roule complètement à gauche, et que de gros engins déboulent de temps à autre. Ce qui préoccupe souvent les Péruviens, outre notre nationalité, c'est le prix de nos montures. Nous éludons systématiquement la question, refusant d'annoncer un prix, qui pourrait leur paraître faramineux. Vers midi arrêt dans un petit restaurant à San Rafael, où comme d'habitude nous déjeunons fort bien d'une bonne soupe et d'une assiette de viande servie avec de riz,  le tout accompagné d'une boisson indéfinie à base d'herbes, fort bonne et légèrement tiède, suivi d'un bon café en finale. Et cela pour un coût défiant toute concurrence, l'équivalent d' 1,20 euro par personne. Manger au restaurant au Pérou revient beaucoup moins cher (et c'est bien plus agréable et bien meilleur) que de s'acheter des produits manufacturés genre boîte de thon, fromage, petits gâteaux et coca-cola que l'on mange sur le bord de la chaussée.

Vers 15h nous atteignons notre but. Les mille et quelques mètres de dénivelé nous ne les avons pas sentis, sans doute le tracé impeccable de la route et le  vent favorable sont les éléments essentiels de cette facilité éprouvée. Un superbe hôtel, très agréable et pratique pour les vélos nous accueille, ce qui est très bon pour le moral.

Nous allons avoir une longue discussion sur la suite de l'itinéraire. D'ici Cusco, il ne semble pas y avoir de problème, même si les difficultés sont bien réelles le chemin ne laisse guère d'initiative. La question se posera cependant de savoir si pour gagner du temps nous n'effectuerons pas une partie en bus. Nous sommes tous trois d'accord pour trouver que ce serait dommage, si l'itinéraire continue d'être aussi attrayant que ce que nous avons connu depuis maintenant 600 ou 700 kilomètres. Par contre la suite, après la frontière bolivienne, ne semble pas de la tarte, en particulier la traversée des salars boliviens, itinéraire qui doit nous conduire à San Pedro de Atacama au Chili. Une estimation optimiste pour notre arrivée dans cette ville se situe autour du vingt novembre. En ce qui me concerne ma date butée se situe le 10 décembre à Santiago, où je dois prendre l'avion.  Nous aurons l'occasion de faire un premier point intermédiaire à Cusco. Mais le «timing» me semble serré. Il est étonnant de partir pour un voyage de presque quatre mois, s'imaginant que c'est long, et de passer son temps justement à courir après le temps pour ne pas prendre de retard. C'est là que l'on se rend que l'Amérique du Sud c'est gigantesque.

 

J51 jeudi 7 octobre

Chavinillo(3500 m) à Huanuco (1910 m)  73 km

Après une assez bonne nuit, bien que nous soyons entassés tous les trois dans une chambre, nous allons déjeuner dans un local du village. Il ne fait pas chaud, nombreux sont ceux qui portent un bonnet. Le ciel est couvert, contrairement aux jours précédents il n'a pas plu hier soir, ce qui explique peut-être la présence de cet épais manteau nuageux.

A huit heures quinze nous roulons. Nous pensions avoir à effectuer une courte montée, mais pas 15 kilomètres. En fait la route passe à près de 4100 mètres d'altitude. Comme mise en jambe ce n'est pas mal. La vue est splendide. Lorsque nous arrivons en fin de montée nous découvrons un village tout en longueur. Nous nous y arrêtons boire un café dans une épicerie. Nous n'avons ps bien chaud. On nous installe trois chaises et nous consommons nos boissons chaudes parmi les clients qui viennent faire leurs emplettes. Deux anciens à la peau bien cuivrée se sont déjà mis le compte, bien qu'il ne soit pas onze heures. Nous sommes incapables de distinguer s'ils nous parlent en castillan ou en quechua!

Enfin la descente, elle nous conduira jusqu'à Huanuco, c'est à dire que nous n'aurons quasiment pas à pédaler durant plus de cinquante cinq kilomètres! Durant cette étape nous étions dans le Pérou profond. A midi, nous nous arrêtons dans un petit restaurant , comme nous le faisons souvent. Il fait aussi débit de pétrole à partir de gros fûts entreposés dans la salle à manger. Nous nous installons le plus lin possible de ces récipients, car l'odeur de gasoil est très présente. Un chien vient quémander, puis un chat et enfin un petit cochon. Tout ce petit monde fait bon ménage sous la table.

Enfin vers 14heures nous atteignons notre but. Il fait très chaud, plus rien à voir avec l'atmosphère des jours derniers. La ville est bien dans la tradition sud américaine, très bruyante. Et comme si cela ne suffisait pas, les restaurants n'ont pas de porte, mais un rideau métallique qui reste grand ouvert. Les bruits et odeurs des véhicules de tous types s'y engouffrent. Non seulement ils ne sont pas avares concernant le klaxon, mais de plus systématiquement il y a une télé qui braille. C'est très pénible.

 

J50 mercredi 6 octobre

La Union à  Chavinillo 68 km

Ce matin il faut beau, la ville a l'air plus riant que la veille sous la pluie. Départ à huit heures quinze. La route est goudronnée, ce qui est appréciable, alors que ma carte ne le mentionnait pas.  Quelques chiens vont aboyer sur notre passage, mais sans vraiment se lancer dans de grandes poursuites. Concernant les deux attaques sur les sacoches d'Alain, hier après-midi, il a constaté que l'une d'elles était trouée. Manifestement le chien a serré fort! L'étape de ce jour est magnifique. Elle se déroule sur de grands flancs de montagnes , qui dominent des gorges encaissées. L'altitude sera en permanence entre trois mille et trois mille sept cents mètres; la circulation sera peu dense. C'est le type même d'itinéraire complètement adapté au vélo. Comme souvent, vers les treize heures nous tombons sur un petit restaurant au sein d'un petit village. Nous avons droit au traditionnel poulet riz. Mais cela passe bien et je ne m'en lasse pas. De plus le riz constitue l'aliment idéal pour les gros efforts prolongés. Nous repartons vers les treize heures trente pour les seize derniers kilomètres, dont quatorze de montée. Vers les quinze heures nous arrivons dans le pittoresque village de  Chavinillo. Il est tout en longueur, situé à mi-pente d'un grand flan de montagne. L'atmosphère y est  très . De plus le temps contrairement aux jours précédents, la pluie ne semble pas venir. Nous allons avoir des difficultés pour nous loger, car du fait des élections, les différents hôtels affichent complets. Nous réussissons à obtenir une chambre pour trois. Nos avons franchi ce jour le cap des deux mille kilomètres à vélo depuis notre arrivée en Amérique du Sud.

J49 mardi 5 octobre

Pachapaqui à La Union par col de Yanashalla (4720 m)

 

La nuit a été très bonne dans notre chambre à trois. Avec Alain nous avons dormi dans le même lit, et ne nous sommes absolument pas gênés. La pluie qui à la tombée de la nuit était assez forte, dès 21h a laissé la place à un ciel parfaitement clair constellé d'étoiles. Mais je n'ai toujours pas réussi à voir à nouveau la Croix du Sud. Petit déjeuner à 7h chez les routiers. Ce matin le petit local semble envahi par les travailleurs de la DDE. Ils sont aussi sympathiques que les routiers. Le soleil entre dans le lieu et nous réchauffe. Hélas, un énorme camion vient se garer et l'ombre reprend ses droits. A huit heures nous roulons. Le soleil nous réchauffe et la température monte très vite, bien que nous soyons à 4000 mètres. La route en pente modérée s'enfonce dans un immense vallon dominé de belles montagnes, qui doivent voisiner avec les 5500 mètres. La montée est agréable, à part les chiens de bergers qui viennent nous agacer. A un moment je suis aux prises avec quatre bestiaux, dont deux sont particulièrement agressifs. Ils essaient de m'attaquer par plusieurs côtés à la fois. Un énorme camion se pointe. Le chauffeur, averti de la situation par Jean, qui assiste au spectacle d'un peu plus bas, déclenche son klaxon très puissant. Les chiens sont manifestement déstabilisés et mon sauveur m'adresse un grand sourire. Très souvent les chauffeurs nous font de grands gestes d'encouragement. En un peu moins de trois heures et vingt deux kilomètres nous sommes au col à 4720 mètres Nous n'avons pas trouvé cette montée difficile, même pas essoufflés ou si peu. Il faut dire que tout le long de la montée avec Alain nous avons discuté poissons et régions de France que nous aimons. Un comble au milieu des Andes! Lorsque nous comparons avec les cols équatoriens, cela nous a semblé une promenade de santé. Pourvu que cela dure. Du sommet, une fois habillés nous nous lançons dans une longue descente de vingt huit kilomètres, et arrivons à l'adorable petite ville de Huallanca, où nous déjeunons. Le propriétaire du restaurant chasse un gamin qui se rapproche un peu près de nos vélos. La technique de vol semble de bien rodée: se montrer, afin de mettre en confiance tout en guettant le moment d'inattention pour s'emparer d'un objet ou d'un sac. Nous repartons vers les 14 heures, en direction de La Union. Tout le monde nous dit que c'est un coupe-gorge, enfin nous verrons, nous surveillerons nos bagages. Il faut dire qu'à vélo avec ces nombreux paquets que nous trimbalons à vitesse réduite, nous sommes facilement détectables et suscitons des convoitises. Sur les vingt kilomètres de cette dernière portion de l'étape du jour, les chiens sont bien présents. A deux reprises Alain est freiné par des crocs plantés dans ses sacoches.  Nous arrivons juste au moment où la pluie fait son apparition, comme tous les jours. Il n'est que trois heures et demie. Effectivement la ville n'inspire pas.  Elle est toute en longueur, enserrée entre deux chaîne de montagnes pelées. Il s'en dégage une certaine austérité. De nombreux jeunes nous dévisagent. Nous faisons le tour des hôtels, c'est un peu glauque.  Certains n'ont pas de toilettes! Nous nous décidons pour un établissement, qui ne donne pas vraiment confiance, mais il faut bien prendre une décision. Jean dira « ce soir on ne va peut-être pas aller manger tous ensemble». Il y a des douches, mais froides. Bien que ce soit le troisième soir sans me laver, je n'arrive pas à me glisser sous cette eau gelée et pare au strict, strict minimum. En tout cas, malgré les petites turpitudes, auxquelles nous nous habituons, l'étape de ce jour était formidable. Si les mille kilomètres qui nous séparent de Cusco sont du même acabit, nous avons encore de beaux moments en perspective. A dix huit heures alors que je finis de taper mon ptit compte-rendu journalier, en regardant par la fenêtre (ce qui est déjà bien pour une chambre d'hôtel, car souvent elles n'en ont pas), je constate qu'il fait pratiquement nuit du fait de l'épaisseur des nuages, et la pluie tambourine sur les toits en tôle. 

 

J48 lundi 4 octobre

bivouac (3970) à Pachapaqui (3950) 54 km

Nous avons attendu que le soleil touche les tentes pour sortir. Tout était couvert de givre, l'eau et le coca étaient de gros glaçons. Mais dès que les rayons chauds sont arrivés, la température est devenue immédiatement clémente. Le temps que tout notre matériel soit sec, il était 9h20. Les paysages qui nous entourent sont extraordinaires. Dans le lointain à une cinquantaine de kilomètres la masse imposante du Huscaran est très visible. Ce matin toujours un petit vent défavorable jusqu'au village de Conococha qui se situe vers les 4000 mètres d'altitude. Il n'y fait pas chaud du fait des courants d'air. Après y avoir bu un café, nous reprenons notre route en prenant une direction différente, ce qui nous permet d'avoir un vent favorable. Avec la côte, les bagages et l'altitude cela fait une sacrée différence. Nous franchissons un col à plus de 4200 mètres puis effectuons une longue descente jusqu'à 3600 mètres. Nous avons tout loisir sur ce nouveau versant d'admirer d'autres grandes montagnes couvertes de glaciers. Halte pique-nique, il faut une trentaine de degrés et nous cuisons presque. Je me suis acheté un grand chapeau pour remplacer le bob qui m'a été dérobé et il m'est bien utile sous ce soleil de plomb. L'amplitude thermique entre le jour et la nuit est vraiment importante, de l'ordre de 40 degrés. Encore une dizaine de kilomètres et 300 mètres de dénivelé, que nous sentons à peine,  et nous arrivons à Pachapaqui, petit village logé dans un magnifique cirque montagneux à la teinte ocre du fait de l'herbe. L'unique hébergement du lieu nous propose une chambre à deux lits pour trois. Cela nous paraît royal comparativement à la nuit précédente. Nous sommes d'autant plus contents de nous trouver à l'abri que ce soir une pluie assez forte se met à tomber. Nous dînons dans un routier local, petite pièce avec quelques tables. Devant d'énormes camions stationnent et les chauffeurs se restaurent, certains  d'entre eux vont sans doute ensuite rouler toute la nuit. Leurs engins sont impressionnants souvent neufs et propres, trois essieux et douze roues à l'arrière. Nous mangeons très correctement comme toujours depuis que nous sommes en Amérique du Sud. La soupe est indéterminée, une espèce de gelée violet clair, un goût sucré et une consistance un peu gélatineuse. Quel étouffe chrétien! Je n'arrive pas au bout de mon assiette.

J47 dimanche 3 octobre

Huaraz(3053m) à bivouac (3970 m) 14 km avant Conococha  69km de route

Nous partons tardivement, 9h30, toujours une multitude de choses à faire. Avant le départ, un dernier coup d'œil du toit de l'hôtel sur la Cordillère Blanche. La route monte doucement mais sûrement. Nous subissons de plus un léger vent défavorable.  Vers 13h, nous n'avons effectué que 37 kilomètres, nous nous arrêtons dans un petit retaillant, où comme d'habitude nous avons droit à une bonne platée de riz. Cela tient bien au ventre, ce qui est idéal pour les trajets difficiles  à vélo. Après un arrêt d'une heure, la reprise dure; nous arrivons rapidement vers les 4000 mètres et nous évoluons sur le terrain type altiplano. Une grand lande ondulante couverte d'herbes, et en arrière-plan de grands sommets enneigés. A 16h30, nous décidons de nous arrêter et nous préparons au bivouac. Nous nous abritons de la vue de la route derrière une petite butte à proximité d'une rivière; l'endroit est superbe et de plus très plat, ce qui permet d'installer confortablement nos deux tentes. Depuis que j'ai pu me racheter, lampe frontale, couteau, couverts, appareil photos et autres objets, je n'ai plus l'impression d'être le  SDF à qui il faut tout prêter. La nuit arrive rapidement et à 19h nous disparaissons dans nos abris pour une longue station allongée. La température va descendre progressivement jusqu'en dessous de -10.

 

 

J46 samedi 2 octobre

Caraz à  Huaraz via Yungay  72 km de route

Nous reprenons la route après un arrêt de trois jours. Les grands cols des Andes sont devant nous et nous n'allons pas tarder à attaquer le premier qui passe à 4700 mètres. La ville de Caraz se situe à 2200 mètres d'altitude et Huaraz à 3090. Nous partons de bonne heure, 7h15, et laissons l'hôtel Chavin et ses propriétaires sympathiques et très serviables. Sur notre route se trouve Yungay, cette ville détruite par une immense coulée venant du Huscaran lors du tremblement de terre de 1970. Nous nous arrêtons sur le site. Sur l'ancien emplacement de la ville a été aménagé un immense sanctuaire, planté de fleurs sur les décombres de la ville que l'on a laissés  après la catastrophe. En effet la coulée a recouvert une ville de plusieurs milliers d'habitants, et les autorités ont décidé de ne pas déblayer les personnes et les bâtiments enfouis. On se promène dans une grande allée centrale qui conduit à l'emplacement de la place centrale de la ville. La cathédrale, seul bâtiment au milieu de ce vaste jardin, a été reconstruite à l'identique. Il est étrange d'imaginer que sous nos pieds, une ville a été engloutie en quelques secondes par une gigantesque avalanche venant du Huscaran, qui nous domine du haut de ses 6700 mètres Il a sur ce versant, des airs de Mont Blanc vu de Chamonix, avec l'immensité en plus. En effet Chamonix, 1200 mètres, le Mont Blanc 4810, Yungay 2500 et le Huscaran plus de 6700. Il domine donc la ville de plus de 4000 mètres. Après cette visite émouvante sur les lieux de ce drame nous poursuivons en direction  de Huaraz, qui tient un peu lieu de Chamonix péruvien. Bonne surprise, alors que nous avions eu de mauvaises indications quant à la longueur de l'étape du jour, avec joie nous arrivons 30 kilomètres avant ce que nous pensions. Notre heure d'arrivée vers les deux heures trente, va nous laisser tout loisir de vaquer à nos occupations. En ce qui me concerne, priorité numéro une: me racheter une veste de montagne pour remplacer celle qui m'a été volée. Je trouve un équipement gortex qui me va à ravir et qui semble offrir toutes las garanties d'efficacité contre la pluie et le froid. Ensuite je procède avec Alain, au remplacement de ma chaîne de vélo. En effet depuis Quito nous avons effectué à peu près 1800 km sur nos montures, souvent dans des conditions difficiles, qui ont fortement éprouvées la mécanique. Les pistes en terre sont tout particulièrement abrasives pour les chaînes et les pignons. La mienne commençait à présenter des signes d'usure inquiétants. Elle a moins de 3000,kilomètres, alors qu'au moins de juin j'ai changé ma chaîne en vue de ce périple, elle avait effectué plus de 8000 kilomètres et fonctionnait toujours très bien. Cela prouve que les conditions que nous rencontrons sur les routes d'Amérique du Sud sont plus difficiles que celles rencontrées sur les routes européennes.

 

J45 vendredi 1 octobre

Caraz

La nuit n'est pas très bonne, mélange de fatigue et d'interrogations. En effet, malgré les choses fabuleuses que nous avons faites et vues, j'ai la sensation de m'éloigner du projet pour lequel je me suis engagé, Quito Santiago à vélo. Lorsque je fais le décompte des jours, je trouve que nous avons passé la moitié de notre temps à des activités autres que pédaler vers Santiago. Le parcours me paraît déjà tellement long, que de me disperser, entre problèmes techniques, attente et activités certes intéressantes mais annexes,  entame ma motivation et me plonge dans un certain état de malaise. Jusqu'à présent les voyages à vélo que j'ai effectués étaient rondement menés, axés presque uniquement sur le fait de pédaler. Les autre activités nécessitant du temps,je les vis un peu comme une entrave au projet. Je sais que si je n'adhère pas j'ai tout loisir de m'arrêter et rentrer à la maison. Voilà, j'ai un peu de vague à l'âme. Ce matin je suis même allé me renseigner sur les vols Cusco Lyon, de fois que je décide d'arrêter mon voyage dans cette ville.

Aujourd'hui, repos, nous avons quelques traces de notre balade éclair. En ce qui me concerne, outre quelques courbatures, un début de sciatique me tire la fesse droite. Mais je ne pense pas que le vélo amplifiera la douleur. Alain a récupéré par le chauffeur d'un colectivo son guide Pérou Bolivie et sa méthode d'espagnol. La mienne a disparu, comme un certain nombre d'autres choses dans le sac qui s'est envolé à Trujillo. Mais comme vient de me l'écrire mon fils, il ne me reste qu'à appliquer la devise que je lui ai enseignée: si tu perds quelque chose tu t'en passes.

 

J44 mercredi 30 septembre

deuxième partie du trek

Durant la nuit les nuages s'estompent laissant la place à un ciel peu clair, laissant voir cependant quelques étoiles; vraiment tout est différent de ce que l'on peut voir dans l'hémisphère nord.  Moi qui suis souvent le nez en l'air la nuit à chercher les différentes constellations, les planètes ou à essayer de repérer  les satellites, j'ai l'impression devant ce ciel inconnu de me trouver sur une autre planète.

Lever six heures, nous déjeunons en pliant et à 6h45 nous sommes en route. Nous remplissons nos bouteilles au torrent, grossi par les pluies d'orage. L'eau est trouble, nous doublons la dose de pastilles purifiantes.  Une course va s'engager pour essayer de rejoindre avant seize heures le village de Vaqueria à 3700mètres d'altitude et distant d'une trentaine de kilomètres en passant par un col à 4750 mètres. Le rythme est bon. Le chemin monte régulièrement au début. Un vaste cirque montagneux se découvre. Nous sommes entourés de montagnes qui se situent toutes entre 5800 et 6200 mètres. Le spectacle est majestueux, mais l'effort fourni dans cette longue vallée ennuyeuse hier pour y parvenir est bien réel. A 9heures30 le col est atteint. Il fait bon Nous mangeons quelques provisions et nous lançons dans la course vers Vaqueria.  L'extrait de carte que je possède annonce 7 heures pour atteindre notre but, mais cela dans le cadre d'un circuit de quatre jours. Attention cependant de ne pas se fouler un pied dans ce chemin très accidenté par endroits. Je pense surtout à Jean et Alain qui portent les deux plus grosses charges. Nous passons le point de bivouac de Cachinpampa avec du retard sur l'horaire. Notre espoir d'attraper le dernier «colectivo» ou transport en commun semble s'envoler. Mais après avoir fait une petite halte et rempli nos gourdes dans un ruisseau qui collecte les crottes d'animaux, nous repartons. Nous arrivons au point de contrôle du parc du Huscaran et nous constatons que nous avons repris un peu d'avance. Je dois préciser que hier matin au démarrage, nous avons payé de l'ordre de 20 euros chacun pour commencer notre randonnée et un ticket confirmant notre payement nous a été délivré. Sur ce billet figurent le nom et le numéro de passeport. Nous traversons des zones habitées. Les gamins, pour la première fois, depuis que nous sommes au Pérou nous réclament quelque chose. Mais notre train ne nous laisse pas vraiment le temps de leur répondre. Devant nous, l'ultime remontée pour atteindre le village. Par différentes rampes, nous l'atteignons vers 15heures40. Là il nous est confirmé qu'un colectivo passera vers 16 heures, mais l'horaire nous dit-on est fluctuant; mais pas de souci nous pouvons patienter en toute sécurité. Nous buvons une bière. L'heure prévue est dépassée depuis longtemps, mais à nos questions il nous est répondu de ne pas s'alarmer. Après 16h30, un gros camion avec une benne type bétaillère à ciel ouvert s'arrête. On nous invite à y monter, en nous précisant que c'est le colectivo. Le chauffeur nous ouvre la haute porte arrière et nous rejoignons dans un espace de poussière les trois Indiens blottis au fond derrière la cabine. Durant trois heures nous allons vivre une expérience unique en étant secoués de manière invraisemblable le long d'une piste qui passe au milieu d'un univers de pics totalement féeriques. Nous passerons un col à 4800 mètres. La longue montée vers ce col nous ouvre un espace d'une beauté infinie. Les Indiens sont particulièrement accueillants. A part les deux hommes et la femme assis avec nous au fond de cet enclos en bois que constitue   la remorque, deux Indiennes et un Indien  sont assis en hauteur à hauteur de la cabine. Une fois le point haut atteint, je pense que le panorama extraordinaire, qui nous surplombait durant cette heure de montée, allait disparaître. En effet en plongeant sur l'autre versant tout a changé. De magnifique le paysage est devenu franchement stupéfiant. Je n'ai jamais rien vu de tel dans ma vie. Surtout le soir lorsque la lumière oblique donne des teintes presque irréelles. Le Huscaran s'est découvert jaillissant, masse sombre par le rocher et éclatante par la glace. Il nous dominait de ses 6700 mètres, dégageant une impression de sauvagerie indomptable, montagne envoûtante. Face à cette masse énorme jaillissant tout en puissance massive, le Nevad Huandoy, s'élevant lui aussi à plus de 6000 mètres déploie au soleil couchant ses immenses draperies glacées sur des pentes d'une raideur à couper le souffle. En effet, du fait des conditions climatiques différentes de celles de l'Europe et de l'Asie, la neige tient sur des pentes plus raides que dans les autres massifs montagneux. Il en résulte ces formations de neige et de glace qui s'élancent dans le ciel, défi à la gravitation. Les Indiens s'excitent un peu à ce spectacle et l'un d'eux me demande mon appareil photos et fait une série de photos magnifiques. En effet, il se tient mieux en équilibre dans cette remorque, alors que nous descendons à toute vitesse un chemin mal pavé. Les deux indiennes en hauteur avec le froid de la nuit qui vient nous rejoignent dans la benne. L'une est institutrice dans un village éloigné et fait ce trajet chaque semaine. La nuit tombe complètement. Nous nous enfonçons dans une gorge, surplombée d'immenses parois rocheuses verticales. Que le site est sauvage. Le trajet durera 3 heures et nous roulerons à mon avis de l'ordre de 80 à 100 kilomètres. Vers les 19h45 nous arrivons à la ville de Yungay, qui a la sinistre particularité d'avoir été complètement détruite lors du tremblement de terre de 1970. En effet un immense pan du Huscaran , glace, boue et roche, avait déferlé sur la ville. Cette vague minérale avait mis deux minutes pour atteindre la cité et ensevelir ses 20 000 habitants. Le lieu a été conservé en l'état et constitue un immense cimetière commémorant les victimes du drames. Nous y repasserons en vélo lorsque nous reprendrons itinéraire vers le sud. Nous disons au-revoir aux Indiens qui éclatent de rire,en constant qu'une Indienne à qui j'avais prêté mon Kway, par étourderie et pas intentionnellement, oublie de me le rendre en descendant. Au terminal de la ville un colectivo plus classique nous ramène à Caraz. Expérience de deux jours conduite à l'arrache. Arrivés sur la «Plaza des Armas» une fois de plus la campagne électorale bat son plein. Un bruit infernal monte d'un stand monté sur lequel, un orateur surexcité hurle de façon hystérique et  invraisemblable devant une petite foule d'Indiens. Les Indiennes sont habillées de façon traditionnelle, avec de grands chapeaux et des vêtements de couleurs  vives. En longeant la place, alors que je me bouche les oreilles, un feu d'artifice explose juste au-dessus de nous et je crains de recevoir quelques boules incandescentes. L'Amérique du Sud ça vit! Une fois posées nos affaires nous allons dîner en retraversant la place à l'agitation de folie.

 

J43 mardi 29 septembre

première partie du trek

5h30 petit déjeuner, 6h le taxi nous prend. C 'est une vieille bagnole déglingue. Le chauffeur commence par faire le plein et gonfler un pneu arrière, oui un seul. Puis nous partons pour le village de Cashapampa, à 2900 mètres d'altitude, par une piste chaotique. Le trajet dure une heure. Une fois sur place nous essayons de louer un muletier car deux d e nos sacs sont lourds, celui de Jean particulièrement. Mais nos espoirs sont déçus. En effet trouver à sept heures du matin dans un village endormi quelqu'un pour une balade de plusieurs jours, car le muletier doit revenir, est mission improbable voire impossible. Les mules se sera nous. Nous voilà partis le long d'un vallon monotone d'une longueur quasi-infinie nous doublons vers les treize heures le premier point d'arrêt habituel à 3850 mètres. Nous espérons pousser jusqu'au suivant à4250 mètres , afin de nous positionner au mieux pour passer le lendemain au plus tôt le col de Punta Union à 4750 mètres. Cette vallée est vraiment sans fin et d'une grande monotonie, ressemblant un peu à certaines vallées de l'Oisans, mais sans pratiquement aucune vue sur les sommets et puis beaucoup, beaucoup plus longue.  Vers les seize heures après avoir longé un grand lac et traversé le très long plat qui lui fait suite, enfin quelques sommets nous apparaissent. Ils sont plongés dans les nuages et la pluie se met de la partie. Au pied de la côte qui fait suite, un bâtiment toilettes, mis en place pour les trekkeurs est le seul abri que nous trouvons. Nous nous y installons entre excréments et trou bien plein servant de réceptacle.  La position est loin d'être confortable, mais au moins le toit en tôle de cette infrastructure circulaire nous protège. Étant humide, je commence à prendre froid, bien que la température reste clémente. Nous sommes à 4000 mètres et le soir arrive. De plus je n'ai pas de veste de montagne, la mienne étant partie avec le sac que l'on m'a volé la semaine dernière. Je pense pouvoir en racheter une lors de notre étape prochaine dans la ville de Huaraz, grande ville touristique, lieu de départ de balades dans la Cordillère. Enfin une accalmie toute relative, nous montons nos deux tentes. Nous faisons un feu qui finit par prendre, malgré la forte humidité du bois. Je dois dire que la tournure des choses ne me plaît pas vraiment. Nous passerons une nuit assez confortable, malgré l'altitude. En effet à partir de 4000 mètres en position couchée, je ressens une sorte de malaise désagréable. Cette sensation je l'avais déjà éprouvée il y a trois ans dans l'Himalaya, lorsque j'avais fait le tour des Annapurna.

 

J42 lundi 28 septembre

Huallanca à Caraz 41 km dont 20 de piste

L'hôtel a un nom bien adapté au lieu « Canyon del Pato», car ce sont les gorges que nous remontons. Nous y avons passé un excellent moment. Des petites chambres individuelles, magnifiquement ordonnées, avec des couleurs chatoyantes. Aujourd'hui nous allons parcourir la seconde partie du canyon, avec ses 35 tunnels. Tous les guides décrivent cette section comme magnifique et à ne pas manquer. Oui c'est joli et impressionnant par endroits du fait de l'encaissement et des à-pics sur la rivière dans certains endroits très étroits. Mais la couleur générale est terne, ocre clair, les faces rocheuses semblent délitées et herbeuses, le panorama est restreint. Par contre hier, nous étions dans une vallée moins resserrée, mais les montagnes qui nous entouraient semblaient se perdre dans le ciel quelques kilomètres plus haut. Les couleurs de la roche s'étalaient sur toute une gamme du noir au jaune en passant par le vert. Non, à mon goût personnel l'étape de la veille était plus grandiose.

Donc après un petit-déjeuner agréable en compagnie de Reiner, l'Allemand de Düsseldorf rencontré hier nous prenons la route sans nous presser vers les dix heures l'étape n'étant pas très longue et le dénivelé de 800 mètres.  Avant de partir  Alain jette un coup d'œil à ma chaîne qui me procure quels soucis. En effet sur le plateau du milieu, elle ne tient pas sur les pignons et saute. Il faut dire que depuis notre départ le matériel a été particulièrement éprouvé entre côtes en cailloux à plus de dix pour cent et bain de boue et de sable. L'étape se passe sans problème. Cependant, il faut faire attention lorsqu'on s'engage dans un tunnel de ne pas se trouver face à un bus, qui roule vite, avec une visibilité nulle, et des espaces avec les parois rocheuses de quelques dizaines de centimètres.  A la halte pique-nique de midi nous tombons sur une famille costaricaine. Ils parlent tous bien le français. Le fils a habité quelques mois rue Bugeaud à Lyon, tout près de chez mes parents. Le monde est petit.   Avec satisfaction nous voyons arriver le goudron après vingt kilomètres. On a l'impression de se mettre à voler et cette sensation si agréable qui me pousse à faire du voyage à vélo est au rendez-vous et j'appuie comme un sourd sur les pédales et me sens griser par des vitesses de trente à l'heure.

La ville dans laquelle nous arrivons est très animée et nous nous installons dans un agréable hôtel sur la « Plaza des armas», qui correspond toujours au centre de la ville. Le soir repas dans un restaurant en compagnie de Reiner et une autre Allemande lançée dans un périple de  9 mois en Amérique du Sud. Elle compte rentre en mai pour les 0 ans de son père.

 Nous organisons à l'arraché le programme des deux jours à venir. Le trekking de Santa Cruz, normalement prévu sur 4 jours. Nous comptons en mettre que deux. Je ne suis pas très fana de ces plans montés, comme je le dis à l'arrache. On loue, par chance sur information à neuf heures du soir, un sac à dos, on complète avec mon North face, sac de voyage à bretelles de gros volume, mais pas sac à dos et le petit sac d'Alain. On achète de la nourriture au marché ouvert très tard. Par l'intermédiaire de l'hôtelier on réserve un taxi qui nous prendra à 6heures et c'est parti.

 

J41 dimanche 27 septembre

Chuquicara Huallanca  69 km de piste

Après une nuit tranquille au cours de laquelle à plusieurs reprises je suis sorti dans l'espoir, déçu, de voir la Croix du Sud nous reprenons la route à huit heures. Le macadam s'arrête après  quatre cents mètres et la piste n'est pas bonne du tout, pierreuse et sableuse avec de la tôle ondulée. Les fesse vont en pâtir. Mais malgré tout cet itinéraire est emprunté par des véhicules, certes pas très nombreux, mais souvent de gros gabarit, cars et camions. Nous évoluons parfois dans des nuages de poussière. Le panorama devient grandiose car la rivière que nous suivons s'insinue entre la Cordillère Blanche et la Noire. Les sommets qui nous entourent et que nous ne voyons pas cachés par leurs contreforts culminent pour certains d'entre eux à plus de 6000 mètres.  Des noms de montagnes prestigieuses, comme le Huscaran, l'Aplamayo me remémorent les nombreux livres que j'ai lus sur les Andes. A un détour du chemin une pyramide de neige se dévoile juste un instant avant d'être à nouveau masquée par un premier plan. Je crois avoir vu l'Alpamayo, que certains qualifient de plus belle montagne du monde avec sa pyramide parfaite qui monte presque à six mile mètres. Cette gorge que nous suivons nous fait souffrir, d'autant plus qu'il y des tunnels dans lesquels nous sommes aveugles, mais que le spectacle est grandiose. Nous nous arrêtons discuter avec des hommes en train d'exploiter de manière très artisanale une mine d charbon, du Zola; A 17 heures nous atteignons notre but, bien contents d'en finir. Un petit hôtel très sympathique nous acueille et j'y suis très sensible. Nous rencontrons un Allemand qui va de Trujillo à Lima à vélo et qui pour le moment suit le même itinéraire que nous.

  

J40 samedi 26 septembre

Viru Chuquicara  97 km dont 51 de piste

Départ  8 heures, après une nuit qui n'a pas été très bonne malgré le confort du lieu.  Durant 38 kilomètres nous suivons pas panam, mais le trafic est faible. Nous faisons une halte dans une petite ville très active, marché  boutiques et beaucoup de monde. J'essaie de commencer à racheter ce que je me sui fait voler. Mais couteau à lame repliable et autres petits objets de campeurs, ils ne connaissent pas. Nous quittons comme prévu la Panam et nous engageons plein est sur un chemin non asphalté mais qui roule bien. Très vite le brouillard se déchire, le ciel devient bleu et la chaleur revient. Nous allons suivre ce chemin durant 51 km. Les trente derniers kilomètres il est de moindre qualité et nous nous devons appuyer un peu plus sur les pédales A notre droite de l'autre côté de la rivière, une belle route goudronnée nous nargue. Mais pas de pont pour la rejoindre. Enfin en voilà un. Encore huit kilomètres et nous arrivons à Chuquicara, lignée de maisons le long de la route, petit air de far-ouest au milieu des grandes montagnes des Andes qui nous entourent.  La station service nous loue pour un prix dérisoire deux petites pièces où nous installons. Ce côté spartiate perdu au milieu de nulle part dans des montagnes qui nous écrasent me plait bien. Cette vallée en 1970 a connu un séisme terrible qui a tout ravagé, en particulier du fait de l'effondrement d'un grand lac d'altitude qui a produit un gigantesque déferlement d'eau et de boue, 80 000 morts tout au long de la vallée que nous remponterons les deux jours qui viennent.

 

J39 samedi 25 septembre

Trujillo Viru   58 km

Nos derniers problèmes techniques réglés nous reprenons notre route vers le sud à 11h30. La sortie de la vile n'est pas très compliquée, bien que nécessitant quelques kilomètres dans un trafic intense. Enfin nous voilà sur la panaméricaine; 0 la ville succède le désert. Cela paraît paradoxal à ces latitude, en effet mille kilomètres à l'est on se trouve en pleine forêt amazonienne. Cela est du à un courant froid de l'océan Pacifique qui baigne les côtes à cet endroit. Le paysage est étrange, succession de grands mouvements de terrain, mi-montagnes, mi-dunes. Le tout baigné dans une brume d'altitude qui en estompe les hauteurs et les reliefs. Il fait froid, nous roulons bien habillés. Mais cela ne devrait pas durer, car nous renterons demain plus en avant dans les terres et le phénomène climatique disparaîtra. La route que nous suivons passe d'après la carte à 30 kilomètres de la mer. Jean me fait remarquer, qu'il aperçoit dans la grisaille lamer et les vagues qui se brisent sur la plage. Cela me semble impossible, et pourtant effectivement à quelques trois kilomètres les vagues sont bien réelles. Je commence à douter que nous soyons sur la bonne route, mais pas d'autre alternative, car il semblerait que la route sur laquelle je pense être rejoint la panam trente kilomètres plus loin Et bien non, nous sommes bien sur la panam, mal placée et la route que je crois suivre, tracée sur la carte, tout du moins  l'une de nos cartes n'existe pas. Après une cinquantaine de kilomètres nous arrivons dans la petite ville de Virù. Après avoir visité plusieurs hôtels très glauques, nous en trouvons un très sympathique, tenu par une dame fort agréable. Cette petite ville nous plait bien. Comme partout en ce moment au Pérou, les élections battent le plain et il y a agitation et bruit permanents.

J 38 vendredi 24 septembre

toujours Trujillo

Nous sommes un jour de plus dans cette ville pour des problème techniques de vélos. Demain nos affaires devraient se régler et j'espère que nous pourrons reprendre l'action et nous diriger vers la Cordillère Blanche distante de 320 kilomètres. Je dois dire que l'immobilité après m'être fait voler mon sac contenant de nombreuses affaires, est propice à gamberger, et ce n'est pas bon du tout. J'en arrive à me demander ce que je fais là. Mais nous avons changer de lieu pour la nuit. Nous sommes hébergé chez Luchio, connu dans le monde entier par les cyclotouristes au long cours qu'il accueille. Manifestement la pièce dans laquelle nous dormons tout les trois est sympathique et on sent qu'elle irradie des ondes positives. Sans doute toute l'énergie des cyclistes qui y ont dormi, plus de cinq cents. Nombreux d'entre eux ont marqué l'arrêt dans leur périple de l'Alaska à la terre de feu, souvent voyage d'une durée supérieure à un an. J'essaie de me raisonner en me disant  qu'il ne s'agit que de pertes matérielles. On m'a conseillé de lire un livre étudiant le dépouillement suite au vol. Il en analyse 16 degrés. En ce qui me concerne, on ne doit pas dépasser le niveau 3 donc à priori, rien de bien grave, mais on ressent tout de même un traumatisme.

 

J 37  jeudi 23 septembre

Trujillo

Notre bus parcourt cinq cents kilomètres en dix heures. La nuit a été pour moi assez confortable. De temps à autre je me réveille, et je constate que nous franchissons des routes escarpées et pas toujours goudronnées. En particulier je me souviens avoir vu une grande descente en lacets dans laquelle des phares de camions se déplaçant à faible vitesse matérialisaient la chaussée.

Nous arrivons à Trujillo à huit heures trente avec une heure de retard sur l'horaire prévu. La ville semble assez agréable. Rapidement nous sommes au centre et trouvons un hôtel. C'est là alors que nous discutons avec le tenancier, qu'un individu entre et demande la carte de l'établissement. En ressortant il est très probablement reparti avec mon sac à dos dans lequel j'avais mis certaines de mes affaires: GPS, appareil photo, habits, lunettes, certains  de mes papiers comme contrats d'assurance, billet avion retour, carnet de vaccination, etc.. Heureusement j'avais pris la précaution de photographier les documents importants et de les mettre sur l'ordinateur et sur ma boîte mail. Mais cela donne un bon coup au moral. On se demande toujours si on ne serait pas mieux chez soi. Mais même chez soi, on se fait voler. Il y a six mois on m'a volé mes papiers alors que nous étions dans la maison. Alors il ne faut pas se poser trop de questions et encaisser les coups, en se disant qu'ils font partie de la vie.

 

J36 mercredi 22 septembre

Jaen en attente du bus pour Trujillo à 22h30

Nous avions décidé de nous avancer en bus, car la traversée du Pérou est immense et je n'aurais pas assez de trois mois et demi pour me rendre à Santiago. De plus certaines zones avant la ville de Trujillo sont réputées peu sûres, en particulier à cause des «rançonneurs».  Nous avions compris que le bus pour Trujillo était à 10 heures du matin, mais non c'était à 22h30. Nous avons donc une journée à occuper. Nous en profitons pour nous promener dans la ville et nous laisser guider par notre intuition. De toute évidence, la vie est très animée en Amérique du Sud. Le bruit est toujours présent, bien que les véhicules fassent peu de bruit. En particulier dans la ville de Jaen, il y a des milliers de tricycles à moteur, genre pousse-pousse qui font office de taxi. Nous utilisons leurs services pour un prix modique de l'ordre de cinquante centimes d'euro.

Nous assistons à une manifestation de la jeunesse en faveur du respect de la nature et de la personne. Des enfants et des adolescents, défilent en portant des panneaux, abordant une multitude de thèmes: la lutte contre l'alcoolisme, la drogue, le sida, la violence, les infractions routières, le respect de la couche d'ozone etc... Certains des enfants sont déguisés en forêt, en oiseau ou autre représentant de la nature. J'ai fait des clichés attendrissants de tout ce petit monde, mais malheureusement mon appareil photo me sera volé avant que j'ai pu les exploiter.

Vingt deux heures trente, le bus part à l'heure. Tout est bien organisé, en particulier pour les bagages, qui sont bien contrôlés et à l'embarquement et au débarquement. Nous pouvons mettre nos vélos sans les démonter.

 

J 35 mardi 21 septembre

San Ignacio  Jaen 112 km

La  nuit est somme toute assez bonne, malgré le bruit, car en Amérique du Sud le bruit est omniprésent, et s'il n'y en a pas assez, on allume une radio ou une télé que l'on met à fond et cela à toute heure du jour,  jusque tard dans la nuit et on reprend très tôt le matin.

Nous démarrons tardivement, huit heures trente, du fait d'un passage à la banque qui n'ouvre qu'à huit heures. A l'ouverture une longue queue est déjà formée sur le trottoir.  Heureusement Alain grâce à l'intervention d'un employé passe assez rapidement, et nous voilà partis. Nous découvrons que contrairement à ce que nous pensions, et qui était mentionné sur nos cartes la route n'est pas asphaltée. A cette heure tardive pour commencer  une longue étape, nos espoirs d'atteindre Jaen ne  semblent pas réalisables. Après trois kilomètres de montée, nous avons la bonne surprise de trouver une longue descente de 16 kilomètres. Une fois encore en passant sur un caillou Jean crève. Le temps de la réparation nous nous faisons agresser par des petits insectes très urticants. Ils me rappellent les medgeses écossais, qui sont gros comme des grains de poivre moulu et qui attaquent en nuages. Là la densité est moindre, mais les piqures tout aussi douloureuses, générant de gros boutons que l'on a tendance à gratter. Nos jambes sont couvertes de croûtes. En effet, cela fait déjà plusieurs jours que nous sommes soumis à ces horribles insectes que l'on voit à peine.

Une fois au bas de la côte, la piste suit une rivière au gros débit qui serpente dans une vallée large. Il fait très chaud, une brume de chaleur estompe les contrastes et tout semble gris La circulation est faible, mais lorsqu'un véhicule nous double ou nous croise, nous sommes plongés dans un nuage de poussière qui pique la gorge et les yeux. Sur le bord de la route une échoppe propose des jus de fruits. Nous savourons un excellent jus d'ananas, sucré et moelleux, pour un sol ce qui correspond à 0,25 centime d'euro. Des vigiles régionaux y stationnent et nous renseignent. A priori ils surveillent les routes afin de les sécuriser contre d'éventuels délinquants. En tout cas ils ont des armes avec balle engagée dans le canon, donc ils ne semblent pas être là pour rigoler.

Après 55 kilomètres de piste, oh! Miracle, d'un coup sans transition un joli bitume bien lisse prend la relève. Un panneau indicateur mentionne Jaen  à 55 kilomètres, il est midi. Nos espoirs  de rejoindre cette ville ce soir nous habitent de nouveau. Un restaurant dans un village nous propose l'incontournable poulet riz. Mais là comme en Équateur le repas est accompagné de succulents jus de fruits. Par contre, il est toujours très difficile d'obtenir un café, alors qu'on le cultive dans le pays, inexplicable!

Un peu plus loin , nous réussissons en en obtenir un, très bon. La propriétaire du bar a refusé que nous la payons, elle a insisté pour nous l'offrir. Depuis que nous sommes entrés au Pérou, il ne s'est pas écoulé un jour sans que l'on nous donne quelque chose et cela sans aucune arrière-pensée, refusant toute compensation de quelque ordre que se soit. A quatorze heures, sous un soleil de plomb nous reprenons la route. Mais le goudron et le terrain plat nous rendent l'effort très supportable. Il est très étrange, après plus de trois cents kilomètres de piste, où nous nous traînions à des moyennes horaires à un chiffre, de nous sentir avancer sans trop appuyer sur les pédales à plus de vingt à l'heure. Cependant une côte de quelques huit kilomètres vers les quinze heures, sous une chaleur terrible, nous sommes seulement à six cents mètres d'altitude, va nous faire quelque peu souffrir, bien que nous la montions à un bon rythme.

Nous rencontrons un jeune cycliste qui nous accompagne une vingtaine de kilomètres. Nous nous arrêtons chez lui, ils nous présente à ses parents et nous offre une boisson fraîche. Cela fait du bien et nous change de notre eau et  notre coca qui sont au moins à trente degrés.

A cinq heures nous les quittons et entamons les dix huit kilomètres qui nous séparent de Jaen. Le terrain est en descente et nous atteignons la ville avant la nuit. Peu avant cette dernière, nous franchissons un étrange check-point, qui semble tenu par des détrousseurs de route armés de fusils et à moitié habillés de tenue militaire. Ils nous interpellent en nous traitant de gringos, nous montrant des pièces, nous incitant à être généreux. Nous ne freinons pas et nous engouffrons dans la descente raide qui fait suite. Quatre kilomètres plus bas une patrouille de police stationne sur le bas-côté. Je n'ai rien compris à cette étrange situation.

Nous rentrons en ville. Nous sommes dans le tiers-monde, circulation grouillante dans une poussière qui recouvre tout.  A la première impression cette ville nous est désagréable, mais nous réviserons notre jugement. Un hôtel qui vient d'ouvrir, il y juste deux semaines, nous proposent de jolies chambres pour l'équivalent de sept euros. Cependant au Pérou, il ne faut pas demander d'eau chaude, d'ailleurs il n'y a qu'un robinet pour l'eau froide. Le patron, gentiment, nous emmène et nous dépose au centre ville pour que nous allions dîner, puis il vient nous récupérer à vingt et une heure trente. Son 4X4 à l'instar des façades des maisons est tout bariolé d'affiches électorales Ici on affiche sans vergogne ses opinions politiques.

 

J34 lundi 20 septembre

Namballe à San Ignacio 45 km de piste

Ce matin nous allons commencer la traversée du Pérou, pays très grand et très montagneux.  Au moment de quitter l'hôtel, le propriétaire nous offre une dizaine de bananes. Après un petit-déjeuner consistant à base d'œufs, de riz, de youkas de café et de lait nous sommes prêts pour démarrer. Nous avons pu constater que là aussi comme en Équateur, le matin les rues sont envahies d'écoliers et de collégiens en tenue. La piste n'est pas en bon état, mais elle commence par monter sur presque onze  kilomètres. Ensuite vient une courte distance et de nouveau une montée sans fin de huit kilomètres. Durant cette ascension en pleine chaleur, en passant devant une maison, une fois encore on me propose des bananes que je prends. Cela va faire presque vingt kilomètres de côte.

A midi, nous nous arrêtons dans un village au nom évocateur: la Nueva Esperenza. Les gens y sont très gentils. Nous nos installons sur un banc public et consommons nos provisions. Des gamins s'approchent et nous entamons la conversation. A notre tour nous offrons des bananes. L'un des ses gamins nous emmène dans le bar de son père pour prendre un café. Ce village est très agréable et nous éprouvons quelques difficultés à reprendre notre route. Un peu  plus loin, ce sont des grenades qui nous  sont gentiment proposées. Elles sont succulentes. Vers quinze heures nous atteignons notre but. Nous avons parcouru  quarante cinq kilomètres à une moyenne d'un peu plus de huit à l'heure!

Nous avons constaté que la campagne électorale en vue des élections régionales bat son plein. Une multitude d'affiches concernant les différents candidats fleurissent un peu partout. Les maisons sont en pisé, donc de couleur terne. De nombreuses façades sont peintes aux couleurs des différents candidats. Les propriétaires acceptent-ils cela afin d'avoir une façade propre et peinte de fraîche date? Mais que deviendront ces murs peints une fois les élections passées?

Ce soir en arrivant à l'hôtel, nous procédons à un grand nettoyage de nos vélos, car ces centaines de kilomètres de piste les ont franchement salis.

 

 

J33 dimanche 19 septembre

Zumba à Namballe  35km de piste

Le jour se lève une fois de plus sur une journée qui s'annonce humide. Le ville est nimbée de brouillard. Outre la multitude de poules et de coqs qui comme d'habitude font leurs vocalises à ce moment, nous entendons les chants des militaires stationnés à proximité.

Nous espérons faire une grande étape de 70 kilomètres. Rapidement nous comprenons que notre projet ne tiendra pas. En effet le terrain jusqu'à la frontière est une fois de plus très accidenté. Les montées certes jamais très longues, sont cependant particulièrement pentues. L'atmosphère est saturée d'humidité, de gros bancs de brume stagnent accrochés au relief, constitué d'une multitude de mouvements de terrain couverts d'une forêt épaisse.

Nous passons notre dernier village équatorien, puis un peu plus loin, un premier poste militaire Nos passeports sont contrôlés, puis le chef de poste veut être pris en photo avec nous; pour se faire il s'équipe de son fusil et se met fièrement entre nous, tandis que l'un de ses homme prend le cliché. Nous repartons par une crête qui semble monter dans le ciel. Que c'est raide. Un tout dernier petit hameau avant de plonger sur le Rio qui marque la frontière. Un petit bistrot, nous nous y arrêtons boire notre dernière bière d'Équateur. Là on nous met en garde sur le Pérou. Fini pour vous la tranquillité.

Une grande descente et en-dessous nous voyons enfin la frontière. Du côté équatorien, les formalités vite accomplie, nous franchissons un grand pont. Nous sommes seuls. Une barrière en barre l'accès au Pérou. Personne pour l'ouvrir; Nous faisons des signes, ers des personnes de l'autre côté. Elles nous encouragent à passer dessous; ce que nous faisons, puis nous traversons un terre-plein d'une centaine de mètres et arrivons devant un groupe guitare à la main qui chante à capella. De toute évidence, il s'agit des douaniers; L'un d'entre eux se lève et nous emmène dans un bureau pour effectuer les contrôles d'usage. Pendant que nos remplissons un formulaire, il joue au solitaire sur son ordinateur, jetant de temps en temps un coup d'œil sur ce que nous écrivons. Puis il nous envoie au poste de police faire tamponner nos écrits. Là un jeune policier qui se réveille, nous accueil tout sourire. Nous retournons voir notre douanier qui avait repris sa place parmi les chanteurs et rapidement nous sommes libérés.  Nous mangeons dans un petit restaurant à même le poste frontière. On a l'impression dans ces points de passage secondaires de se retrouver quelques siècles en arrière, où de temps en temps quelques voyageurs devaient franchir les frontières. En quelques kilomètres nous arrivons à  Namballe. La première impression, le niveau  de vie semble moins élevé qu'en Équateur, mais nous sommes dans un village reculé. Nous trouvons un hôtel. La tenancière commence par nettoyer la poussière, les clients ne semblant pas se bousculer.

 

J32 samedi 18 septembre

Palanda  à Zumba 50 km de piste

Une fois de plus nous passons la nuit dans une petite ville tranquille, bien que quelques gamins aient fait la foire durant la nuit. Après un petit déjeuner «continental», c'est-à-dire lait, café, pain, fromage et œufs et un excellent jus de fruit nous nous mettons en route. Le temps n'est pas terrible; la pluie se met de la partie, ce qui transforme la piste en un cloaque boueux; nos vélos souffrent. Le temps va s'améliorer temporairement. Nous allons passer trois côtes dont la première et la dernière seront terribles. Dans les portions planes, nous sommes à flanc de montagne, et loin en-dessous coule une rivière. On a l'impression de circuler sur une route suspendue entre terre et ciel. Quelques mésaventures vont ponctuer la journée, l'un de nous se fait mordre par un jeune chien, dont il ne s'est pas méfié. Ensuite une crevaison nous immobilisera quelque temps. Au cours de la dernière montée de  neuf kilomètres, une pluie soutenue va nous doucher copieusement. Enfin nous touchons au but. Nous trouvons un hôtel qui oh grand luxe propose des douches avec eau chaude, ce qui est rare dans ce pays. En effet le manque d'eau chaude, constitue le seul point faible de l'hôtellerie. Nous passons notre dernière nuit en Équateur, la frontière n'est qu'à quinze kilomètres.

 

J31 vendredi 17 septembre

Yangana  Palanda 61 km

Eh oui! Mon anniversaire c'est aujourd'hui et non comme l'a écrit  Alain le 15, 57 ans aïe, aïe, aïe!

Lever matinal, car nous nous attendons à une étape carabinée. La nuit a été très bonne, malgré l'espace réduit et l'aspect spartiate des lieux. Depuis que nous sommes dans ce pays nous constatons avec beaucoup de satisfaction l'accueil excellent dans des infrastructures à la propreté impeccable et à des prix modiques. Nous payons 4 dollars chacun pour une literie  très propre, pour cette nuit.

Petit déjeuner à  six heures trente. Nous retournons dans le petit restaurant où nous avons mangé hier soir. De nombreux travailleurs employés à la réfection de la route que nous allons prendre sont en train de sérieusement casser la croûte avec d'énormes assiettes du sempiternel «pollo arroz» ou en français poulet au riz. Nous engageons la conversation et ils nous expliquent les conditions de travail dans le pays. Dans la réfection des routes ils travaillent dix voire douze heures par jour, dimanche inclus, si nous avons bien compris ce qu'ils nous disaient. Ce qui n'était pas facile, car ils parlent vite, notre maîtrise de la langue n'est pas fabuleuse, et la noria des camions a commencé et ils nous frisent les moustaches au point que l'on ne s'entend plus parler.

Sept heures trente, nous démarrons. La côte est immédiatement supérieure à dix pour cent. L'un des ouvriers nous a prédit que nous devrions pousser les vélos dans les passages raides de la piste. En effet l'étape de ce jour se fera exclusivement sur route en terre. La première partie tout le long de la zone des travaux sera très désagréable, dans la poussière des gros camions qui montent du remblai  afin de stabiliser les fondements de la route. Les travaux effectués sont de grande ampleur. Creusement puis remplissage avec des gros galets afin de favoriser le drainage sous la chaussée puis préparation en vue du bétonnage. Les ouvriers nous ont expliqué qu'une route bétonnée avait une durée de vie de quarante à cinquante ans, contre cinq à dix ans pour une chaussée goudronnée.

Une fois passée cette portion en travaux, nous retrouvons une piste déserte ou presque qui monte vers les nuages. Le site est austère, une succession de montagnes couvertes de végétation qui semblent s'étendre à l'infini. Le temps est bien en harmonie avec  la sauvagerie du lieu, des nuages menaçants masquent les sommets , accompagnés d'un vent froid  qui s'oppose à notre progression. Cependant nous avançons sans trop de difficultés, bien que nous mettions cinq heures trente pour parcourir les trente kilomètres de montée. L'altitude maximum atteinte est de deux mille sept cent cinquante mètres.

Durant ces longues montées à vitesse d'escargot, souvent en limite d'adhérence du pneu arrière sur la terre, voire la poussière, j'ai l'impression de grignoter l'Amérique du Sud centimètre par  centimètre. Il vaut mieux ne pas trop réfléchir et ne pas essayer de se représenter la carte du continent!

Un peu avant l'immense descente qui va nous conduire à Palanda, alors que nous sommes arrêtés au niveau d'un ruisseau à franchir, un véhicule type jeep s'arrête et le chauffeur engage la conversation. Il s'agit d'un jeune Australien de Melbourne, qui est parti d'Alaska, il y six mois, et qui compte aussi rejoindre la Terre de Feu. Il a dessiné sur son capot la carte des Amériques et au fur et à mesure de sa progression il matérialise son itinéraire par un trait de couleur jaune.

Une descente de trente kilomètres va nous conduire à notre point de chute de ce jour. Dès que nous basculons en versant sud, la végétation change complètement et redevient tropicale. De magnifiques arbres couverts de fleurs d'un mauve profond, rehaussé par le soleil qui fait des apparitions moins timides donnent à l'espace qui nous environne un aspect riant. Jean crève par pincement de la chambre à air sur un caillou. Nous effectuons un arrêt repas vers les quinze heures à Valladolid, où nous mangeons nos sandwichs assis sur une pierre dans une chaleur retrouvée. Il est étonnant de constater à quelle vitesse la température change dans ces contrées. On ne sait jamais comment se vêtir, un coup très frais avec un air glacial, voire avec une ondée puis dix minutes plus tard un soleil franc et massif qui nous fait suffoquer. Mais dans tous les cas de figure, une humidité ambiante importante qui empêche les habits de sécher.

Un peu avant cinq heures nous arrivons dans la petite ville de Palanda, accrochée au flanc de la montagne. Elle est très animée et le contraste avec les contrées que nous venons de traverser sur soixante kilomètres est saisissant.

Ce fut une étape magnifique, que l'on nous avait prédit très difficile. Nous l'avons trouvée moins éprouvante que certaines effectuées précédemment. Cela est sans doute de bon augure pour ce qui nous attend au Pérou, que nous espérons atteindre après-demain.

Pour le moment nous allons profiter de notre soirée dans cette charmante petite cité. Notre logement dans un hôtel bien sympathique à cinq dollars la chambre individuelle nous ravit une fois d plus par sa propreté et sa gaité.

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

Salut!

Je suis connecté et je vous suis quotidiennement.
J'espère que tout se passe bien pour vous là-bas.
Dans l'attente de lire vos prochaines aventures...

La bise!

Écrit par : Bertrand | 24/08/2010

Des nouvelles bientôt ?
rrugë të mbarë, Luka

Écrit par : zolabudd | 25/08/2010

Bravo pour cette aventure et merci de nous faire suivre au quotidien vos péripéties, les paysages et belles rencontres que vous cotoyez !! Bonne continuation !!! ;-)

Écrit par : Cédric | 30/08/2010

Merci pour les encouragements, si l'aventure s'annonce palpitante, malgré quelques petits problèmes administratifs (perte de passeport de Jean) en voie de règlement, moralement de quitter sa famille longtemps ce n'est pas si facile, mais aujourd'hui je passe le nombre symbolique de 100 jours encore. demain départ pour le Cotopaxi et ses presque 6000 mètres d'altitude, le temps semble stable ce qui n'était pas le cas les jours derniers. Vos petits mots me sont très utiles. Bises à tous

Écrit par : luc | 31/08/2010

ça y est j'ai pu accéder au récit et c'est très intéressant! Je vois que ta tête en l'air t'a joué des tours dès le début mais heureusement tu as pu rectifier. Dis-moi combien vous êtes et depuis quand êtes-vous partis et d'où? Bonne journée et je vais donner les infos à Arnaud! ça a l'air palpitant votre escapade! Bises
Christine

Écrit par : christine van vlamertynghe | 13/09/2010

bonjour !
n ayant rien pu voir dans la page de jean , je me permets d ecrire sur celle ci !!
j ai fini par rentrer dans vos recits et me sent rempli d admiration par votre périple
un vrai régal ! et les mots me manquent pour exprimer mon ressenti
vous m épatez réellement
au plaisir de vous lire a nouveau
amitiés
pascal

Écrit par : pascal | 14/09/2010

C'est extraordinaire ce que vous vivez!!! Nous pouvons partager à travers la lecture vos périples, aventures et merveilleuses rencontre avec les gens du pays et avec les divers sites que vous traversez!
A bientôt de vous lire et bonne route...

Écrit par : torrecilla maite robinet | 14/09/2010

Coucou Luc
Petit mot d'encouragement pour te donner du beaume au coeur suite à tes mésaventures. Reprends le moral; il n'y a pas mort d'homme. Bientôt ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Je vous envie quand même.
Courage.
Bisous à tous les trois.
Evelyne.

Écrit par : Evelyne | 29/09/2010

Salut Papa!

Je voulais me moquer de toi parce que j'ai vu que vous aviez fait une étape de 22 km, mais finalement ce ne sont que des encouragements qui me viennent à l'esprit. Et pour ton sac-à-dos, aussi consternant que cela puisse être, je me souviendrais toujours ce jour où tu m'expliquais que lorsque tu oubliais quelque chose, tu faisais sans, et que donc tu n'en avais finalement pas besoin... Evite quand même de prendre l'avion du retour à poil, ça fera désordre! Bref, merci de nous faire vibrer avec ces récits quotidiens et que la force soit avec vous!!!

Je t'embrasse fort, Bertrand.

Écrit par : Bertrand | 01/10/2010

Merci pour les encouragememts, mais c est vrai qu en ce momemt j ai un peu de flou. Les deux derniers jours trek á fond la caisse dans la Cordillére Blanche. Encore merci les petits mots ca aide. Luc
Désolé pour accents et autre ponctuation mais sur ce clavier je ne trouve pas tout.

Écrit par : luc | 01/10/2010

Que la force soit avec toi, petit scarabé

Écrit par : zolabudd | 01/10/2010

Félicitations LUC, ton récit est impressionnant à ton retour je t'inviterai à faire une conférence devant le Lions club des Monts d'Or.

Aussi loin des bases les problèmes d'intendance et de logistiques prennent plus d'importance que le plaisir de pédaler alors prends ton temps pour affronter les nouvelles étapes avec un maximum d'atouts !

Bon courage.

Écrit par : Adrien Grandemenge | 03/10/2010

Bonjour à tous les trois !
Un petit mot d'encouragement, pour vous aider à vous envoler vers d'autres cols plus hauts que nos montagnes... Soyez prudents et profitez de l'instant, il sera bien assez difficile de retrouver la vie urbaine de notre vieille Europe !
Bravo pour votre persévérance et à bientôt, amicalement.
François.

Écrit par : françois | 07/10/2010

Merci pour les récits + photos sur la page de Jean.
Messieurs, vous avez l'honneur de rouler au pays du nouveau prix Nobel de littérature, Mario Vargas Llosa, né à Arequipa (sud du Pérou), puisse ce bel écrivain inspirer vos chroniques.....

Écrit par : zolabudd | 08/10/2010

Des encouragements de la part de toute la famille Levy, surtout Mamoun qui voudrait en faire autant !!!
Gros bisoux !!!

Écrit par : La L familly | 09/10/2010

Ravi d'avoir de tes nouvelles. Nous allons suivre maintenant tes péripéties.
Avec Monique, nous changeons de vie, car en janvier, nous aurons tourné nos pages professionnelles. Donc plein de temps en perspective!
Bonne continuation, amitiés
Frédéric

Écrit par : Frederic Faure | 10/10/2010

Bonne fête Luc de la part des vosgiens biz

Écrit par : Alain | 18/10/2010

n'oublie pas de noter la recette du poulet-riz on se fera un plaisir de t'en faire à ton retour

Écrit par : Alain | 25/10/2010

n'oublie pas de noter la recette du poulet-riz on se fera un plaisir de t'en faire à ton retour
courage a vous 3

Écrit par : Alain | 25/10/2010

Bravo à tous les trois.Soyez prudent.
Bonjour à " Doudou " Alain,les cols de notre région seront des ponts d'autoroute pour toi lorsque tu seras rentré.
Michel et toute l'équipe du VSC.

Écrit par : Michel "le docteur" du VSC | 25/10/2010

Salut LAINLAIN
gros bisous de toute la famille DUBOIS et tous les copains du COC
soyez prudents et bon courage à vous trois
Jo, Juju et Adolphe

Écrit par : adolphe et jo et ju | 29/10/2010

Hello à tous les deux,

Je suis de près votre périple.... Pas de possibilités de laisser à Jean un commentaire alors je compte sur toi Luc, pour faire passer le message. J'ai vu sur les photos que tu as laissé quelques kilos sur les dénivelés
(50km de montée à plus de 4000m , ça se mérite!). Merci à Jean pour la qualité de ses photos: un plaisir pour ceux qui ne peuvent pas partir et qui rêvent! Je me suis contentée de sept jours en Toscane avec le vélo. C'est toujours ça! Je vous embrasse fort et tous mes encouragements pour les dénivelés en Colombie.
Nadine

Écrit par : nadine Le port | 02/11/2010

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