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01/06/2011

Deux étés pour un hiver

 

Deux étés pour un hiver

 

La clarté naissante qui dessine le contour d'une fenètre m'a réveillé .Le visage noyé dans l'oreiller je referme les yeux,la couette jusqu'aux oreilles dans un bien-ètre rarement éprouvé ces derniers mois.Mais où suis -je ?

A Florida ,en Uruguay ,non! Plutôt à Buenos Aires dans l'attente...,mais de quoi?D'un avion,de l'avion retardé qui ne viendra pas.Mais je devrais ètre à l'aéroport .L'avion est parti sans moi;

Tant pis je redors un peu plus.

Quand j'émerge à nouveau de mon sommeil commateux l'épisode se poursuit dans un état de léthargie où la volonté n'a plus de prise.

La lumière du jour s'est imposée maintenant.

Cette chambre,il me semble que je la connaissais il y a longtemps.

Ce n'est pas une chambre d'hotel.

Je ne suis pas chez quelqu'un qui m'a hébergé.

C'est une chambre qui ressemble à la mienne

C'est ma chambre

Je suis donc revenu.

C'est ainsi que commencent mes journées depuis une semaine que je suis revenu,par un acte manqué virtuel.

Cette fois-ci mon voyage a duré 7 mois avec chaque soir ou presque des hébergements improvisés :à l'hosedaje,à l'hostal,chez l'habitant ,en camping ,en bivouac dans la nature.

C'est la vie sans repères que j'affectionne loin des routines de la vie casanière.

Luc qui a attrapé le virus du cyclotourisme m'a dit lors de notre premier voyage : « ce qui me plait dans ta façon de voyager c'est que chaque soir on ne sait pas où on va dormir »

Savourant la douce quiétude de ma chambre ,je réalise que c'en est fini des départs quotidiens ,plus d'affaires à ranger sans perdre de temps pour ne pas faire attendre le coéquipier,à prèter l'oreille pour savoir s'il pleut ,si le vent terrible du soir est tombé .

Je suis dans une sorte d'apesanteur que j'ai envie de prolonger encore et encore.

Hier soir ,quand je suis descendu du train la nuit était installée dpuis un moment.Le vent glacial balayait les quais déserts et une pluie fine s'abattait sur ma ville où je déambullait à vélo sous la lumière jaune des éclairages publics.Je pensais au roman d'Anne Gavalda « J'aimerais que quelqu'un m'attende quelquepart »Geneviève travaillait de nuit mais, dans la maison silencieuse la table était dressée et dessus un civet de chevreuil et une bouteille de Bordeaux.Le téléphone a sonné ,c'était Geneviève qui m'appellait depuis son travail.

Il m'est arrivé après une absence de 3 semaines d'avoir l'impression d'ètre parti depuis une éternité.Cette fois-ci j'ai l'impression d'ètre parti la semaine dernière;seul le fonctionnement des appareils ménagers m'échappe.

Je ne voulais pas passer l'hiver en France.

Deux étés pour un hiver tel était un de mes enjeux en quittant la France à la mi-aout.

Voici 36heures j'ai quitté Buenos Aires et ses 35° à l'ombre qui s'acheminait vers la fin de l'été.

Ici ans une semaine ce sera le printemps.

 

 

 

Des regrets?

 

Je n'ai pas eu le temps de goûter le Pisco et tant d'autres alcools locaux,de visiter le parc des Alerces et ses forèts millénaires ,de déambuller dans les rues pentues de Valparaiso parmi les maisons colorées,de remonter la vallée indienne de Humauaca dans le nord de l'Argentine;ce n'était pas le bon jour pour visiter la maison de Pablo Neruda à Santiago du Chili .Il me manquait un appareil avec zoom pour photographier ces merveilleux oiseaux de Patagonie.Et que sais je...

Trop de regrets dites-vous ?

Non c'est simplement le début du programme de mon prochain voyage.

 

Certes l'itinéraire est tracé .Rien n'oblige à suivre ce fil d'Ariane sensé frôler au plus prèt les points d'intérèts majeurs .Le voyage est en soi l'essence même du regret puisque en passant par ici on est obligé de renoncer à passer par là ,tout aussi intéressant .

ON NE PEUT PAS TOUT VOIR.Une seule solution REVENIR;

 

En Patagonie (qui curieusement rime avec agonie) je suis passé comme un fugitif ,avec l'envie d'en finir avec les éléments hostiles ,tenaillé par le sentiment permanent que le pire était à venir.A lire « le passant du bout du monde » de Francisco Coloane écrivain Chilienje réalise la richesse que j'ai frôlé et qu'un peu de temps perdu aurait suffit à découvrir.

 

Depuis mon retour en France je poursuis mon voyage par littérature interposée .

Quemchi est un petit port de l'ile de Chiloé ouvert sur la mer intérieure qui vit des heures paisibles sous un climat de cotes d'Armor.,J'y 'ai découvert l'existence de Francisco Coloane écrivain chilien natif de cette bourgade et fils d'un capitaine de baleinier .Une maison en bois coloré, typique de Chiloé située en bord de rivage lui est consacrée.

Ses oeuvres y sont exposées .La gardienne du lieu qui passe son temps à la proche médiathèque est venue m'ouvrir la porte .Par une échelle meunière on accède au grenier .

Assis dans un fauteuil d'un autre époque et accompagné par le doux bruit du ressac je suis parti à la découverte d'un recueil de nouvelles de Francisco Coloane traduit en français.

L'une d'elles raconte le naufrage d'une barque avec quatre pècheurs et leur survie dans une grotte marine où les femelles phoques viennent mettre bas .

« Le sillage de la baleine » raconte l'histoire d'un jeune garçon de Quemchi qui pour fuir le souvenir de la mort dramatique de sa mère s'engage sur un bateau qui part vers l'Antartic et croisera son géniteur en la personne du capitaine.

Dans le guanaco de Francisco Coloane on y apprend comment les colons anglais exterminaient les indiens Ona comme on déruit les nuisibles et avec la bénédiction de l'état Argentin de la fin du 19ème qui versait une prime pour chaque paire d'oreille coupée.

On retrouve ces faits et bien d'autres dans le livre « En Patagonie » de Bruce Chatween.

Le dernier livre de Luis Sepuvelda « Histoires d'ici et d'ailleurs » (merci François) livre des histoires truculentes sur le Chili en particulier.

Enfin j'ai relu d'une traite « Vol de nuit » de St Exupery qui survolait la Patagonie et les Andes et à qui un square est dédié à Punta Arenas.

 

Voilà ces quelques lignes en guise de conclusion et de remerciements à tous les fidèles lecteurs qui furent jusqu'à près de mille en janvier et étaient encore 200 en mai .

Parmi eux un anonyme m'a laissé un message pour me dire qu'il attendait la suite ,la voici mais c'est aussi la fin.

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